Playa Larga est un autre petit village de pêcheurs situé au fin fond de la baie des cochons.
Cʼest également la porte dʼentrée du parc naturel de Zapata, territoire de mangroves
peuplé de crocodiles, de flamands roses et vierge dʼhabitation.
Nous logeons chez Ernesto, sa femme et sa fille de 8 ans. Mais à Playa Larga il semble
que les touristes soient nombreux à ne passer quʼune seule nuit et les casas semblent
beaucoup moins propices aux échanges avec leurs propriétaires... Cela ne nous
empêchera pas toutefois de nouer des liens avec les pêcheurs du petit port sur lequel
donne le patio.
La plage est au bout de la rue, un lagon turquoise très peu profond dans lequel les enfants
jouent des heures utilisant une palme et une noix de coco comme embarcation de fortune.
Sur la plage un vieux monsieur de 93 ans est assis seul sur une chaise sous les palmiers.
Il regarde lʼhorizon comme sʼil sʼassurait quʼaucun débarquement américain nʼait encore
lieu. Il nous raconte quʼil a débarqué à Playa Larga en 1961 juste après quʼait avorté la
tentative dʼinvasion des mercenaires anticastristes. A lʼépoque seules une dizaine de
familles sont installées dans ce village. Il plante alors les palmiers sous lesquels il est
assis aujourdʼhui.
Un autre vieux monsieur qui vit quasiment sur la plage dans une bicoque, un crocodile
empaillé à coté de lʼurne mortuaire de sa femme. Il offre aux enfants des coquillages... On
a droit aussi aux confidences dʼun byci-taxi qui nous avoue sʼêtre marié 11 fois ! Autant
dire quʼil connait toutes les filles du village...
On accapare aussi un petit pâtissier qui vend à la criée ses génoises colorées à la tombée
de la nuit. Cela fait trop longtemps que lʼon rêve de desserts... Le guide du routard fait
office de plateau pour rapporter nos cinq énormes parts de gâteaux au chocolat moelleux,
coulant sur la couverture ! On lui indique notre casa pour être certains dʼen manger à
nouveau le lendemain.
Il y a les retours de chasse.
Et la chasse est bonne... Emile est très heureux ici car cʼest le paradis des papillons ! Il
parcourt des heures durant, avec son papa, les ruelles dʼoù débordent les fleurs. Son filet
à papillon ne le quitte plus, heureusement que la nuit tombe pour quʼil le pose un peu. Les
gens sont amusés de le voir ainsi le nez en lʼair, il est vite repéré dans le village !
Et puis il y a les retours de pêche.
Celui des pêcheurs du village. Ils rentrent de 36 heures de pêche en mer sur une barque
en bois de deux mètres de long, équipée dʼune paire de rames, dʼune glacière remplie
dʼeau douce, dʼune cocotte de riz aux haricots noirs et de palangrotes (fil de pêche
enroulé sur un morceau de liège et tenu à la main entre les doigts enrobés de scotch
shaterton) à hameçon longs comme un pouce. Eux, ils débarquent sur le quai un
baracuda dʼun mètre de long, un thon jaune de 25 kgs que nous mangerons le soir même
à la plancha et deux espadons qui dépassent du byci-taxi qui les emporte...
Et le nôtre. Nous rentrons dʼune journée de pêche sur le rio Hatiguanico dans la Cienaga
de Zapata, en bateau à fond plat motorisé, avec un guide du parc, des cannes à
moulinets, de la crème solaire, des sodas et des sandwichs. Fiers de nos prises toutefois
remises en liberté comme lʼexige le parc.
Ici le gouvernement régule la pêche : seuls les guides ont le droit dʼemmener des
touristes, les pêcheurs non. Le parc est particulièrement rentable pour lʼEtat. Seuls les
guides ont le droit dʼavoir un moteur, les pêcheurs non. Le Mexique nʼest pas loin.
Rien ne nous empêche toutefois de passer des heures sur le port !
Nous décernons la palme dʼor du repas à la femme de Ernesto qui nous prépare des
diners vraiment délicieux : la langouste ici est bien meilleure quʼailleurs et elle est
accompagnée de légumes autres que du manioc et de la banane plantain, on a même
droit à une soupe en entrée et à un dessert ! Nos intestins nous prient de bien vouloir
manger sans regretter le manque de communication avec la maîtresse de maison, sa
cuisine lʼen excuse.
Notre épiderme quant à lui nʼen peut plus de se faire piquer. Nous ne savons pas si le
gouvernement y est pour quelque chose mais il semblerait que les moustiques ne ciblent
que les touristes, même enduits de produits garantis anti-piqure...
Ce que les enfants aiment :
- les rares pâtisseries cubaines : les plus colorées possibles...
- les conques de Lambi et autres gros coquillages que lʼon trouve sur la plage et que lʼon
ressorts discrètement des valises déjà trop pleines...
- dormir à cinq dans une chambre de trois : aucun cauchemar ces temps-ci, voyons les
choses positivement !
- jouer des heures dans la mer très peu profonde et aussi chaude quʼun bain
- porter des tongs depuis plusieurs semaines !
Ce que les enfants ont du mal à apprécier :
- les séances quotidiennes de crémage de protection solaire, ici le soleil brule
- le filet dʼeau qui coule du pommeau de douche et qui triple la durée de la douche malgré
lʼidée que lʼon a eu de se servir de bouteille dʼeau vide pour accélérer le rinçage...
- les dizaines de trésors quʼon laisse derrière nous dans chacune des casas : coquillages,
bouchons de bouteille, cailloux, palme séchée, noix de coco transformée en bateau, etc.
- les déchets, canettes ou papiers, qui sont tout simplement jetés dans la nature hors des
lieux dʼhabitation
- les chiens qui errent partout et tout le temps, avec un museau de teckel, des pattes de
fox terrier et une queue de labrador...
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