mercredi 12 février 2014
1ere semaine a Cuba !
Voilà une semaine que nous sommes à Cuba et le dépaysement est déjà total !
Quelques jours dʼacclimatation à la Havane dans la Casa Particular de David dans Centro
Habana, quartier très populaire. En plus du décalage horaire de 6h, Gaston est arrivé
avec 40° de fièvre, on tente de régler tout cela avant de partir à lʼaventure en «el campo».
Visite de la ville, avec lʼincontournable tour en vieille voiture américaine. Nous choisissons
une veille Chevrolet Bel Air 6 cylindres de 1954 rouge décapotable. Il fait très chaud assis
sur son cuir blanc, on roule sur le bord de mer, «le Malecon», en imaginant ce quʼétait la
Havane des années cinquante du temps de lʼomni présence américaine.
Nous ne passons pas inaperçu avec nos trois enfants à la peau très blanche et aux yeux
bleus. Beaucoup de cubains me demandent sʼils sont tous les trois «passés par mon
ventre», je prends cela comme un compliment.
Premier cola cubain «Tukola», ultra sucré, accompagné de chips de bananes légumes, les
«plantains». Premier concert de salsa au café Dos Hermanos près du port. Première
langouste aussi, avec notre premier riz au haricots noirs, le «steak frites» cubain. Premier
cigare, offert à Thierry par un afficionado. Premier trajet en vélo-taxi, totalement
customisé : radio et enceintes, capote escamotable, banquette arrière en cuir rouge. Le
sportif nous invite à y monter à 5 et transpire à grosses gouttes, entrainé par le rytme de la
salsa et du reggaton à fond. Emile veut lʼaider à pédaler, Gaston demande à le payer
double et Lucie lui propose sa bouteille dʼeau.
Passage obligé par le Musée de la Révolution, également ancien palais présidentiel et
mémorial «GranMa». Toute lʼhistoire de la révolution cubaine sur trois étages, avec bustes
des figures de la révolution (Fidel Castro, Che Guevara, Cienfuegos), impacts de balles
sur les façades, vitrines dʼobjets cultes (fusils, couteaux, bérets, uniformes...) et surtout
exposition du bateau hors-bord utilisé par les trois héros en 1956 pour rejoindre Cuba des
côtes du Mexique. Gaston est fasciné par les armes, les tanks, les médailles. Lucie,
moins.
Au bout de trois allers-retours devant lʼécole primaire du quartier, on entame la
conversation, on nous présente la directrice, deux heures plus tard, on ressort, avec, en
tête, lʼhymne national chanté par les écoliers. On y retournera chaque jour dire bonjour...
Rencontre très chaleureuse avec Adalio et son voisin Orlando. Adalio a 83 ans et il connait
bien Dany la maitresse de Gaston quʼil a rencontré en France. Il nous parle de sa «famille
française» avec émotion et dès le lendemain, il revient pour échanger à nouveau... Il nous
fait promettre de passer chez lui à notre retour en ville. Cʼest un livre vivant dʼhistoire
cubaine !
Nous quittons la Havane après quatre jours, ravis dʼaller porter nos kilos de bagages à
destination. Cʼest Ronny, 28 ans qui nous emmène avec notre chargement dans sa
Citroën Break BX. Il vit à Santa Clara, à trente kilomètres de Placetas où nous devons
nous rendre. Sa femme est docteur urgentiste, sauve des vies mais gagne lʼéquivalent du
salaire dʼun vélo-taxi. On a quatre heures pour discuter sur une immense route à quatre
voies construite pour pouvoir faire atterrir un avion de chasse russe nʼimporte où dans le
pays. On y croise des calèches, des vendeurs de nougats aux cacahuètes, tout cela à
plus de 100 kms/heure (vitesse imaginée car le compteur ne fonctionne plus, ni la jauge
dʼailleurs). Seul le voyant de la température, indispensable, fixé sur le pare-brise, est
scruté en permanence par le chauffeur.
La campagne est très verte. Immenses palmiers royaux, champs de canne à sucre,
bananiers...
Placetas apparait comme une ville du far-west : rues de terre très larges, maisons sans
étages, locaux en chapeaux de paille, calèches... et chaleur moite.
On débarque dans la communauté de Saint Martin, installée depuis 2006 à la demande de
l'évêque de La Havane à Placetas. Ils sont 5 prêtres catholiques français : Don Pedro,
Don Francisco, Don Thibaldo, Don Juan et Don Juan-Yves actuellement en France, 1
prêtre cubain en «formation», Don Joël, et 5 bénévoles civils français présents pour un ou
deux ans : Anne, Aude, Isabelle, Clément et Catherine. Le presbytère est une véritable
ruche ! Ici du soutien scolaire, une pharmacie, des cours de français, là des cours de
couture, un club de cycliste, une initiation au rollers (!), un internat pour jeunes écoliers
défavorisés...
Un coup de fil plus tard, ils nous indiquent la maison de Eroy et Louisa Calabayoso qui
nous hébergera le temps de notre passage. «Rien dʼimmoral, juste de lʼillégal», les
cubains doivent avoir un agrément pour recevoir des étrangers chez eux, mais à Placetas,
hors des circuits touristiques, personne nʼa ce droit impliquant le paiement dʼun impôt.
Placetas nʼest même pas nommée dans les guides...
On largue les valises de la collecte, et on continue plus légers en calèche...
Ici les gens parlent très vite, nʼarticulent pas, ne prononcent pas les «s» et adorent parler
des heures en se balançant sur une chaise à bascule. On se régale de discussions dont
on imagine plus le contenu quʼon le comprend, mais ça vient petit à petit... On pense aux
touristes qui débarquent au fin fond du Berry dans une famille dʼagriculteurs.
Pendant quatre jours nous profitons du privilège dʼêtre les seuls touristes en ville : on
accompagne les missionnaires un jour à la Mina pour jouer avec les enfants du quartier
aux cartes dans la chapelle fraîche et un autre jour en camion-bus pour découvrir la
communauté de Zaza, ancienne cité sucrière désertée. Chacun discute, nous offre un
café, un biscuit, nous montre les photos de son mariage ou lʼénorme truie qui produit
chaque année une douzaine de porcelets à griller... On assiste à la messe dominicale
chantée avec ferveur entre une brigade de ventilateurs. Le père nous présent à
lʼassemblée et nous avons droit à des applaudissement du fait de vos dons de matériels :
Emile, Lucie et Gaston sont sidérés. «Un beso» de chacun à la sortie, car içi cʼest une
bise sur la joue droite, même quand on ne connait pas la personne, voir même en montant
dans le petit bus local «un beso» à chaque passager !
Le marché dominical, appelé ici «Feria», est écrasé par la chaleur. En particulier les
stands de vendeurs de viande en vrac... De quoi vous rendre végétarien au minimum le
temps du séjour à Cuba. On y trouve aussi les fruits et légumes locaux : maïs, manioc,
bananes plantains, avocats, gousses dʼail blanches et roses, piments, café, bananes,
goyaves, papayes, mamayes, noix de coco, ananas. Quelques vendeurs de nougats de
cacahuètes et cʼest tout. Mais on sent bien que les gens se retrouvent au marché surtout
pour discuter. La nourriture nʼest pas au centre de la vie, la «palabra» oui.
Autre centre dʼintérêt des cubains : la «pelota», le baseball, sport national. Au fin fond de
la campagne, au détour dʼun sentier on tombe sur un stade aux gradins métalliques
combles. Ambiance garantie.
Nos hôtes Eroy (83 ans) et Louisa (74 ans) Calabayoso possèdent une grande maison
séparée en deux : une pour leurs deux filles (gériatre et coiffeuse, à priori non mariées) et
une pour eux. Ils ont trois chiens, quelques chats, des poules, un coq qui a, semble-t-il,
perdu la notion de lever de soleil et une sorte de verger très dense avec cacaoyers avec
des fruits, caféiers en fleurs, papayers, palmiers, mamayers, manguiers, citronniers,
orangers. Emile y pose ses pièges à papillons avec goyave ou banane pourrie et ça
marche ! Lucie dessine les fleurs et Gaston casse des cailloux pour trouver des
hypothétiques silex. Et Thierry et moi discutons sous la véranda avec Eroy et Louisa...
Cela me rappelle la douceur de vivre de la Louisiane.
Ce que les enfants aiment :
- les biscuits secs vendus à lʼunité dans des bocaux dans la rue
- les toutes petites bananes bien mures quʼils mangent par trois
- les voitures sans ceinture
- les impacts de balles dans les murs des bâtiments officiels
- la variété de papillons dans les campagnes
Ce que les enfants ont du mal à apprécier :
- la rigueur des douaniers et autres représentants de lʼordre public cubain
- le papier toilette à jeter dans la poubelle
- le riz aux haricots noirs à chaque repas
- le chant du coq à 2h42 puis à 3h03 puis à 3h47...
- le cola très, trop sucré
- la fumée noire qui sort des pots dʼéchappement des voitures
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